dimanche 25 avril 2010

Rroms en Pologne : une situation à améliorer

Le 8 avril dernier, certains d'entre vous ont peut-être entendu d'une journée mondiale des Rroms. Cette journée a été instituée en 1990 en référence à la première conférence internationale romani qui s'est tenue à Londres le 8 avril 1971. Cette conférence avait été marquée par le vote d'un ensemble de symboles - drapeau et hymne - qui sont la marque d'une nation. Cette journée est aujourd'hui dédiée à la promotion de l'accès au droit et à la dignité de ce peuple encore trop souvent méprisé, discriminé et surtout mal compris. Avant de vous parler de leur situation en Pologne, revenons d'abord sur quelques fondamentaux, tels que nous les livrent l'association parisienne "La Voix des Rroms" :
"Les Rroms sont un peuple d'origine indienne, dont les ancêtres sont venus de la moyenne vallée du Gange, en Inde du Nord, il y a environ 800 ans. Ils sont aujourd'hui dispersés dans le monde entier, surtout sur notre continent, où on compte environ 12 millions de Rroms.
Les Rroms au sens large se subdivisent principalement en Rroms dits "orientaux" (85% du total), en Sintés (souvent appelés Manouches en France ~ 4%) et en Kalés (ou Gitans ~10%), sans compter divers groupes de moindre importance numérique mais tout aussi Rroms que les autres Rroms. Au niveau européen, ils sont aujourd'hui sédentaires à 96%.
Les Rroms sont un peuple sans territoire compact, qui n'a jamais eu de revendications territoriales, mais qui est lié par une conscience identitaire, une origine, une culture et une langue communes. Ils sont environ un demi-million en France."



Une histoire douloureuse


L'histoire contemporaine des Rroms en Pologne a tout d'abord été marquée par l'Holocauste, ou Samudaripen ou Porhaymós en langue Romani : des milliers de Rroms sont morts dans les camps de concentration polonais, notamment au célèbre camp d'Auschwitz où non moins de 23.000 d'entre eux ont trouvés la mort. En tout, ce serait quelques 220.000 Rroms qui aurait péri à cette époque. Puis vint le communisme, qui par décret a interdit toute entreprise privée, ce qui signifiait la fin des revenus des Rroms et de nombreuses difficultés pour s'intégrer. En 1991 a eu lieu un véritable pogrom à Mlawa en Mazivie, durant lequel 17 maisons appartenant à des Rroms on été détruites. En 1998, le journal Gazeta Wyborcza faisait sa une d'une  rafle visant à la déportation massive d'immigrés illégaux, dont la majorité Rroms d'origine roumaine. A cette violence étatique s'ajoute de nombreuses violences commentés par les journaux polonais au cours des vingt dernières année, entrainant destruction d'habitat, blessés et même morts. Ces crimes, oeuvre de groupes néo-nazis, ont souvent échappés à toute condamnation, bien que la loi polonaise prévoit des sanctions pénales allant jusqu'à 5 ans de prison. Les victimes n'ont que très rarement pu obtenir réparation.

De nombreux problèmes d'intégration

Peut-être est-ce pour cela qu'aujourd'hui la Pologne est un des pays de l'Est qui accueil le moins de Rroms : on en dénombre pas plus de 13.000 selon les plus récentes études - mais environ 30.000 polonais parleraient romani couramment - ce qui représente à peine 0,05% de la population. Ceux-ci sont généralement installé en dans de grandes métropoles mais aussi dans des villes moyennes. La plupart des rapports d'organisations internationales font état d'une population ayant de graves problème de santé et d'accès aux soins, de difficultés d'accès à l'éducation (seul 1 enfant Rom sur deux irait à l'école), de problèmes de logement insalubres mais surtout de discrimination sur à peu près tous les niveaux, dont l'accès aux services sociaux et à l'emploi: 90% d'entre eux seraient sans emploi. En Pologne, selon l'ERRC l'espérance de vie d'un Rom est de 55 ans, contre 75 ans en moyenne pour l'ensemble des polonais. Ces difficultés sont les mêmes grosso-modo dans la plupart des pays européens. C'est pour cela qu'une réponse européenne semble appropriée pour aider cette minorité à s'intégrer ou à réussir à se faire accepter.


Des initiatives polonaises et européennes


Beaucoup de gens aujourd'hui critique l'action de l'UE en la matière. Pourtant, il faut rappeler que parmi les critères d'adhésion à l'UE que tous les pays des Balkans et de l'Europe de l'est devait respecter- et doivent encore pour les actuels candidats - les députés européens soulignent "la nécessité d'améliorer la situation des minorités ethniques, en particulier les Roms." Le Parlement européen a également adopté le 31 janvier 2008 une résolution réclamant une stratégie européenne à l'égard des Roms. Si la directive se fait attendre,de nombreux programmes ont pu être financés grâce aux fonds structurels : en Pologne, c'est sous le programme de Fonds Opérationnel pour le Capital Humain, financé par le FSE, que se mettent en place toute une série d'actions. Parmi ces initiatives, on notera celle du Musée Ethnographique de Tarnow qui est encore aujourd'hui le musée en Europe à consacrer une exposition permanente à l'histoire et la culture Rrom. C'est également dans cette petite ville de la voïvodie de la Petite Pologne, au sud du pays, que se déroule chaque année le Roma' Summer festival, tout comme Glinojeck qui accueille chaque année depuis 1998 le festival International Gypsy en février.

Les Rroms sont un peuple dotée d'une riche culture et qui compte parmi ses représentants quelques figures polonaises : le grand écrivain Bronislawa Warmiak Wajs "Papusza" par exemple, auteur de nombreux poèmes et romans; la jeune Edyta Górniak, première chanteuse polonaise représentée à l'Eurovision en 1994... Mais les Rroms ont aussi des alliés parmi les polonais: le Pape polonais Jean-Paul 2 (Karol Wojtyla) avait lui-même contribué à faire connaître cette journée du 8 avril dans les pays chrétiens dans les années 2000. Il a appelé les croyants à respecter et aimer les Rroms. De même, de nombreuses organisations polonaises luttent contre le racisme et la xénophobie, dont l'association historique "Nigdy Wiecej" (Plus jamais ca) qui mène des projets de sensibilisation à Warsawa.

De nombreuses propositions existent pour améliorer le statut des Rroms (proposition de statut européen, différentes initiatives publiques pour la construction d'airs d'accueil ou de camps...) mais la plupart d'entre elles se heurtent au rejet des autorités locales, quand ce n'est pas le rejet de la population locale tout court. Le chemin est encore long pour changer les mentalités.

Pour aller plus loin : 

Decade of Inclusion: http://www.romadecade.org/home/
European Roma Rights Center: http://www.errc.org/
 
Roma Rights Network: http://www.romarights.net
European Network on Social Inclusion and Roma under the Structural Funds: http://www.euromanet.eu/Le Conseil de l'Europe - Gens du Voyage: http://www.coe.int/t/dg3/romatravellers/Default_fr.asp

1 commentaire:

  1. Mes amis de Génération 112 ont réalisés une émission très intéressante sur les jeunes Rroms. Invité: M.Beis, Responsable de l'agence européenne des droits fondamentaux, rien que ca !
    Pour l'écouter en ligne, c'est par ici: http://www.generation112.eu/Jeudi-29-Avril-emission-sur-la-situation-des-jeunes-Roms-en-Europe_a242.html

    Bonne écoute !

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